Blé ukrainien : pour Renew Europe, la solidarité avec l’Ukraine doit aller de pair avec la protection des agriculteurs de l’UE
Auteur : Yannick Laude
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En solidarité avec l’Ukraine, dont l’économie souffre drastiquement de la guerre de Poutine, l’Union européenne, avec le plein soutien de Renew Europe, a décidé de fournir des itinéraires alternatifs pour l'exportation de céréales ukrainiennes et de libéraliser les échanges commerciaux, notamment agricoles. La mise en oeuvre de ces mesures a montré qu’une partie des céréales destinées au transit est commercialisée dans les pays voisins, affectant fortement le prix des céréales et les revenus des agriculteurs des États membres limitrophes. Le mois dernier, la Commission a proposé de mobiliser la réserve d’urgence pour compenser partiellement la perte de revenus des agriculteurs concernés. Renew Europe estime ces aides insuffisantes et demande à la Commission de les réévaluer. Cependant, sans attendre, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie ont enclenché un embargo contre les céréales ukrainiennes et d’autres produits agricoles. Renew Europe estime que cette décision unilatérale est inacceptable au regard de l’engagement européen aux côtés de l’Ukraine et ne fait qu’abonder la propagande russe sur la soi-disant division de l’UE. Ce litige nécessite des solutions européennes dans la mesure où le commerce est une compétence européenne exclusive et que ce type de problèmes ne peut être résolu uniquement par des décisions nationales. Renew Europe propose donc une série de mesures pragmatiques et constructives susceptible de maintenir le commerce agricole avec l’Ukraine, tout en protégeant les agriculteurs de l’UE 1. Céréales transitant uniquement par le territoire de l'UE avec destination finale sur des marchés non européens : introduction de certificats d'importation/exportation pour le transport de céréales ukrainiennes, avec contrôle obligatoire, transitant par le territoire de l'UE avec la spécification claire TRANSIT. Ces transports ne devraient pas avoir la possibilité d'être déchargés sur le territoire de l'UE. 2. Céréales avec destination finale sur le marché de l'UE : Au sein du marché intérieur, les céréales doivent être destinées uniquement aux États membres qui en ont besoin, sans affecter les marchés locaux des États membres limitrophes. Les grains doivent être destinés à une utilisation finale, sans possibilité de remise sur le marché dans l'UE. 3. Certificats phytosanitaires : L'introduction de certificats phytosanitaires devrait faire partie des certificats de transport afin de prouver que les céréales ukrainiennes sont conformes aux normes de l'UE et d'éviter ensuite les spéculations concernant la qualité des céréales ukrainiennes. 4. Contrôle : La Commission européenne et les États membres devront veiller à ce que ces règles soient appliquées par l’introduction de contrôles temporaires renforcés, et l’exécutif européen devra proposer des mesures à court et moyen terme bénéfiques tant pour les agriculteurs ukrainiens que pour les agriculteurs de l'UE. Le groupe Renew Europe demandera un ajout sur ce point, avec une déclaration de la Commission et un débat, à l'ordre du jour de la session plénière de mai. Dacian CIOLOS (REPER, Roumanie), ancien commissaire européen à l’Agriculture et président du groupe de travail de parole de Renew Europe pour la sécurité alimentaire, a déclaré : « Les agriculteurs des pays voisins de l'Ukraine ont raison d'être inquiets. L'impact des céréales ukrainiennes sur leurs marchés agricoles est sérieux. Cependant, interdire les importations ukrainiennes n'est pas la bonne réponse. Nous devons refuser que ce problème nourrisse les critiques contre l'UE ou sape nos efforts pour soutenir l'Ukraine. Ce dont nous avons besoin, ce sont des solutions européennes qui profitent à la fois aux agriculteurs européens et ukrainiens, afin que les exportations de céréales ukrainiennes puissent se poursuivre sans affecter le marché de l'UE. Avec nos collègues de Renew Europe, nous proposons un ensemble de moyens concrets pour résoudre ces problèmes. La Commission européenne doit assumer le leadership et travailler avec l'Ukraine et les États membres concernés pour trouver et mettre en œuvre ces solutions ». |